Les salons étaient souvent féminins ; le salon de madame des Loges et le salon de la marquise de Sablé furent aussi importants au niveau des femmes et des hommes qu'ils accueillaient, que des mouvements qu'on leur attribue.
L'histoire des salons littéraires était l'inspiration première de la création de l'association. Un salon n'est pas simplement une séance de discussion sur un livre mais un lieu d'échanges et de communications ouvert aux autres disciplines, comme le chant, la peinture, la poésie. Vous êtes les bienvenus si vous souhaitez partager des présentations de livres, de poèmes, de récits ou d’œuvres d'art, ou si tout simplement vous souhaitez participer à nos
échanges...Elvira Fouchet a sélectionné quelques salons littéraires en France :
Au XVIIe siècle, Barbe Acarie (1566-16118) épousa à 16 ans, sous l'influence paternelle, le conseiller Pierre Acarie et eut 6 enfants.
Chez Madame Acarie, se rencontrent tous ceux qui se soucient de réaliser en France la réforme catholique. Ce salon est un rendez-vous de religieux.
Le salon de la marquise de Rambouillet, Catherine de Vivonne (1588-1665) d'origine italienne, a exercé une grande influence sur la langue française. Molière a raillé les manières des familiers de ce milieu avec sa pièce "Les Précieuses ridicules".
La Grande Demoiselle, Anne Marie Louise d'Orléans (1627-1693), duchesse de Montpensier a tenu le salon le plus luxueux de toute l'histoire. Une des plus riches héritières d'Europe, elle fut aussi "la plus dangereuse" des femmes fréquentant les Salons car au temps de la Fronde, elle fit tirer le canon sur les troupes du souverain de France. Dès que Louis XIV le permit, elle s'empressa de jouer "Tartuffe" de Molière en présence de 20 femmes et 20 hommes.
La comtesse de Lafayette, Marie-Madeleine Pioche de la Vergne(1634-1693) était considérée comme la quintessence des précieuses. Boileau la considérait comme la femme de France qui avait le plus d'esprit et qui écrivait le mieux. Elle rédigea l'histoire d'Henriette d'Angleterre et écrivit "La Princesse de Clèves".
Louise Marie Dupin de Chenonceau (1706-1799), fille de Simon Emmanuel Bernard l'un des hommes les plus riches de son temps, fut une femme d'esprit, de grande noblesse, féministe avant la lettre et d'une grande beauté. Elle ouvrit ses salons à l'hôtel Lambert aux écrivains, philosophes, dont Voltaire, économistes rêveurs et pairs de France.
Madame Dupin engagea vers 1746 Jean-Jacques Rousseau comme "notiste" et vague secrétaire.
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Chronologiquement on compte les salons suivants : Henry Saint John (1688-1766), Madame de la Pouplinière (1714-1756), la duchesse du Maine (1670-1753), Madame de Lambert ( 1647-1753).
Le Club de l'entresol (1720-1731) fondé par l'abbé Pierre Joseph Alary, en 1720, fut une compagnie privée qui réunit une vingtaine de participants, au 7 place Vendôme. Tous les samedis, de cinq à huit heures, des esprits sérieux échangeaient sur des questions politiques.
Inquiété par le succès des lumières, Louis XV mit fin à toutes ces cogitations politiques en fermant l'endroit en 1731.
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Madame Geoffrin, Marie Thérèse Rodet Geoffrin (1699-1777) ne possédait pas de titre ducal. En plus d'être de petite naissance, elle était fille de valet de chambre mais elle savait mener les interviews et faire parler ses invités. Sa finesse d'esprit et sa grande intelligence étaient appréciées. Elle fut l'invitée des souverains de Pologne et d"Autriche comme une tête couronnée. Son salon fut un des plus célèbres et fréquentés de l'histoire.
Madame Suzanne Cruchod Necker (1739-1794) femme de lettres, épouse du célèbre financier Jacques Necker, ministre des finances de Louis XVI, a tenu un salon des plus courus.
Les habitués étaient des académiciens. Sa fille Germaine, future Madame de Staël, la secondait comme hôtesse.
La favorite de Louis XV, Madame du Barry, a l'inconséquence d'inviter le compositeur Niccolo Piccini pour l'opposer à Christophe Gluck, protégé de la dauphine Marie-Antoinette. Ce geste va déclencher une petite guerre culturelle.
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D'autres salons voient le jour: ceux de Madame Roland, Madame Boufflers, Sophie Condorcet...
Élisabeth Françoise Sophie de Lalive de Bellegarde, comtesse d'Houdetot (1730-1813), sœur de Madame d'Epinay est connue comme inspiratrice de Jean-Jacques Rousseau. Elle a laissé une forte impression à ceux qui l'ont approchée. Selon Sainte-Beuve, le salon qu'elle réunissait après 1800, soit après ses soixante dix ans, accueillait les débris de la bonne compagnie et de la société de philosophie. Rousseau s'en éprit passionnément en janvier 1757. Bien qu'ils se fréquentèrent plusieurs mois, Sophie a conservé sa fidélité à son amant, le poète Saint -Lambert.
Quelques personnes appartenant au salon de Sophie d'Houdetot : Jean-François de Saint-Lambert, Paul Henry Tiry, Denis Diderot, Jean-Baptiste-Antione Suard, l'abbé André Morellet, Benjamin Franklin, Thomas Jefferson.
Madame de Staël, Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein (1766-1817) fut une femme de lettres.
Toute l'Europe a vu en Madame de Staël l'une des plus grandes intelligences. Son salon fit d'elle, au début de la révolution, la "reine de Paris". Les habitués étaient : Mathieu de Montmorency, le marquis de Lafayette, Benjamin Constant, Juliette Récamier, Mirabeau, Talleyrand, André Chénier...Les proscriptions de la Révolution l'obligèrent à fuir Paris. Après la Terreur, elle ouvrit un nouveau salon où s'ajoutèrent, Chateaubriand, Lord de Byron, Antoine de Rivarol...Un soir de juillet 1816, George Gordon, Lord de Byron entendit pour la première fois Auguste Wilhelm Schlegel parler d'une nouveauté, le romantisme.
Madame Récamier, Jeanne Françoise Julie Adélaïde Bernard (1777-1849), fut une star européenne de beauté et de vertu. Sa célébrité rehaussa l'importance de son salon au point que Juliette Récamier est devenue le symbole de tous les salons. Son salon de l'Abbaye au Bois fut le plus remarqué. Ses bals étaient féeriques avec toilettes égyptiennes. Parmi les innombrables habitués, notons René, Comte de Chateaubriand, son seul véritable amour.
Madame Arman de Caillavet, née Léontine Lippmann (1855-1910), belle sœur d'Alexandre Dumas, elle fut, selon Anatole France, l'égérie des plus grands écrivains de son temps. Vers 1878, au 12 avenue Hoche à Paris, elle reçut le gratin parisien, l'élite de la société intellectuelle française. Son époux, Gaston Arman de Caillavet veillait à la qualité gastronomique des réceptions.
Les habitués croisaient dans ce salon : Jean-Elie, duc Decaze, le prince et la princesse Bibesco, le baron et la baronne de Rotschild, Robert de Montesquiou, Anna de Noailles, Louis Barthou, Marie et Pierre Curie, la mystérieuse Mata Hari, Marcel Proust...
George Sand, Aurore Dupin, baronne Dudevant (1804-1876), femme de lettres, chef de l'école idéaliste (63 romans, 18 pièces de théâtre, 10 écrits littéraires et philosophiques), tiendra salon à l’hôtel de France, au 23 rue Laffite à Paris.
Femme éclectique et passionnée, aucun art ne l'a laissée indifférente.
Ses invités étaient Franz Liszt, Marie de Flavigny, Félicité de Lamennais, Pierre Simon Ballanche, Alfred de Musset, Honoré de Balzac, Eugène Delacroix, l'historien Jules Michelet, le Journaliste Eugène Pellatan, Théodor Rousseau, Auguste Charpentier, Frédéric Chopin, Victor Hugo, Ernest Renan...
Elle formera, avec la comtesse Marie d'Agoult, un double salon.
La princesse de Bibesco, Marthe Lucie Lehovary (1886-1973), fille de Jean Lehovary, ministre des affaires étrangères de Roumanie, épouse de Georges Valentin, 3ème prince de Bibesco, était une historienne et femme de lettres françaises d'origine roumaine.
A Paris, pendant l'entre-deux-guerres, elle a attiré à l’hôtel Pozzo di Borgo, puis dans son boudoir, plusieurs personnalités de l'époque : Marcel Proust, Paul Claudel, Louis Gillet, Gérard de Nerval, Léon Bloy, l'éditeur Bernard Grasset, François Mauriac, Anatole France, George V, Paul Valéry, Aristide Briand, Georges Clemenceau...
En 1903, l'Académie française lui a décerné un prix littéraire pour son œuvre "Huit paradis".
Elizabeth de Caraman-Chimay, comtesse de Greffulhe (1860-1952), fille du prince Joseph de Chimay est l'épouse d'Henri de Greffulhe. Intelligente, passionnée de littérature, cultivée et riche, elle a régné sur le Tout-Paris. Inspiratrice probable de Marcel Proust pour son personnage la comtesse de Guermantes. Dreyfusarde, liée à René Waldeck-Rousseau et au général Gaston Gallifet, elle sympathisait avec les Républicains.
Quelques personnalités assistaient à son salon : Franz Liszt, Gabriel Faure, Edmond de Goncourt, la princesse de Bibesco, Henri de Regnier, Paul Morand, Paul Claudel, Aristide Briand, André Maurois, François Mauriac...